De Porteur à Maître de Cérémonie.

Je m’appelle Damien DOLLÉ. À 23 ans, après avoir travaillé pendant un an et demi dans une agence de location de voitures, j’ai rejoint le monde du funéraire. J’ai commencé en tant que porteur.

Qu’est-ce qu’un porteur ?

Le porteur est celui qui seconde le maître de cérémonie. Il s’occupe de manipuler les fleurs : les disposer dans le corbillard, les transporter et les installer lors de la cérémonie. Il veille également à ce que tout soit prêt et impeccable : le registre des signatures, le stylo, les feuilles, la nappe, chaque détail compte. Mais surtout, c’est lui qui porte le cercueil, accompagne le défunt dans le lieu de culte, puis le ramène au véhicule. Ce rôle exige d’être à la fois présent et discret, un pilier silencieux mais indispensable.

Au départ, je souhaitais devenir thanatopracteur. Ce métier m’a toujours attiré, peut-être parce qu’il consiste à offrir un dernier geste de soin et de respect : préparer le défunt pour un dernier au revoir, apaisé et digne.
Après la fermeture soudaine de la société de location où je travaillais, je me suis tourné vers une pompe funèbre de ma ville. Lors de l’entretien, qui a duré quelques minutes, on m’a proposé le poste de porteur. Ce rôle devait me permettre de découvrir le métier et d’évaluer ma réaction face aux défunts, un univers auquel je n’avais jamais été confronté.

C’est à ce moment que ma vie professionnelle a pris tout son sens. J’ai compris que je voulais exercer ce métier, être là pour accompagner les familles dans un moment aussi difficile. Lorsqu’un proche décède, la plupart des gens se retrouvent démunis : Que faire ? Où aller ? Qui prévenir ? Quelle entreprise funéraire choisir ? Ces questions se bousculent dans leur esprit, mais la plus cruciale reste : À qui faire confiance ?
À travers ce métier, je voulais être cette personne en qui les familles pouvaient avoir confiance. Cependant, je savais que je ne pouvais pas me limiter au rôle de porteur. J’avais besoin d’interagir avec les familles, de les accompagner et de leur offrir un dernier hommage qui honore réellement le défunt.

Très vite, j’ai remarqué que les cérémonies se ressemblaient souvent, manquant parfois de personnalisation. Curieux de comprendre le processus dans son ensemble, j’ai observé mes collègues, analysé leur manière de parler aux familles, leur posture, leurs mots. Chaque collaborateur avait son style, et j’ai décidé de retenir ce que je trouvais de meilleur chez chacun pour en faire ma propre méthode de travail.

Un jour, lors d’un enterrement, seule une voisine était présente. Le défunt n’avait plus de famille et menait une vie discrète. Rien n’était prévu pour ses obsèques, hormis une minute de silence. Touché par cette solitude, j’ai pris l’initiative de m’occuper de la cérémonie. J’ai échangé avec la voisine et sa fille pour en savoir plus sur cet homme, pour m’imprégner de son histoire. Ensuite, j’ai pris la parole et lui ai rendu hommage, avec mes mots.

À la fin, la voisine m’a remercié. Elle m’a dit que, grâce à moi, son voisin n’avait pas été « simplement mis en terre » mais qu’un véritable hommage lui avait été rendu.

C’était ma première cérémonie, et ce jour-là, j’ai compris que je voulais devenir maître de cérémonie. Accompagner les familles, offrir des moments de réconfort et rendre hommage à la vie unique de chaque défunt est bien plus qu’un métier : 

c’est une vocation.